Tu me dis quand, je te dis où — CLIQUE ICI pour un conseil local → Tell me when, I’ll tell you where — CLICK HERE for local advice →
Vidéo : Gendarme de Nyons
Texte de Jean , papy de Nyons. Tu sais, mon enfant, ici à Nyons, le gendarme c’est plus qu’un uniforme : c’est presque un personnage du village. J’ai grandi dans cette ville de la Drôme Provençale, près du pont Roman et du marché de la place Carnot, et je pourrais te raconter des heures de souvenirs où la brigade et ses gendarmes faisaient partie du décor. À l’époque, on les appelait encore maréchaussée ou cavalerie selon les anciens, et chacun connaissait le nom des brigadiers. Ils descendaient au marché tôt le matin, képi vissé sur la tête et sabre au côté, et discutaient avec le boulanger ou le berger comme s’ils avaient toujours été là. C’était une époque où la sécurité, la loi et l’ordre se vivaient avec un sourire et où l’administration de la République avait un visage familier.
Je me souviens encore de l’odeur du café qui s’échappait des commerces et de la poussière chaude qui montait des rues en été. Le gendarme passait saluer les enfants, moustache impeccable, et s’assurait que les petits ne s’aventuraient pas trop près de l’Eygues. C’était notre police rurale, notre brigade de proximité, qui couvrait non seulement Nyons mais aussi les villages voisins comme Mirabel‑aux‑Baronnies, Venterol ou Puyméras. Ils montaient à cheval pour se rendre à Buis‑les‑Baronnies et contrôlaient les chemins de traverse. Dans leurs uniformes bleu nuit et leurs bottes cirées, ils représentaient la loi, mais aussi la solidarité de la communauté.
Quand on parle du « gendarme de Nyons 1900 », on imagine tout de suite une carte postale ancienne. On voit ce gendarme en uniforme 1900, moustache cirée et sabre scintillant, posé devant la caserne en pierre. Ses bottes brillent, son képi bleu nuit ombrage son regard, et à côté de lui se tient un cheval. Sur ces photos sépia, on distingue les façades de la place ou la cour de la caserne. Il y a les calèches, les chapeaux haut de forme et les habits de la Belle Époque. Ces images sont précieuses, car elles témoignent d’une époque où Nyons vivait au rythme du clocher et où la gendarmerie symbolisait la fierté nationale. On y lit la République triomphante et l’amour du territoire : la maréchaussée y incarne la justice, la stabilité et la mémoire.
Ces gendarmes d’antan étaient autant gardiens de la loi que conteurs d’histoires. Ils savaient rappeler les ordonnances du préfet tout en parlant de la récolte des olives ou de la fête des vendanges. Dans les villages environnants, on les appelait parfois à cause d’une dispute entre voisins ou pour une affaire de chèvres égarées. Leur présence rassurait ; ils portaient un uniforme qui avait du poids, un sabre qui savait trancher les conflits, mais aussi une moustache souriante qui désamorçait les tensions. Ils ne se contentaient pas de patrouiller : ils aidaient les vieilles dames à traverser le pont, commentaient les nouvelles du conseil municipal et veillaient sur la population comme des gardiens bienveillants.
La gendarmerie de Nyons n’est pas seulement un souvenir de cartes postales, elle est aussi une institution vivante. Aujourd’hui encore, la brigade territoriale autonome est installée au 52 Avenue Frédéric Mistral, à Nyons. C’est l’adresse officielle de la brigade, et on y vient pour déposer plainte, signaler un accident, demander conseil ou simplement chercher un renseignement. Les horaires ont évolué avec le temps, mais la gendarmerie de Nyons continue d’accueillir le public du lundi au samedi de huit heures à midi et de quatorze heures à dix‑huit heures, et même le dimanche et les jours fériés de quinze heures à dix‑huit heures. Ces créneaux permettent d’assurer une présence régulière dans la ville et de répondre aux besoins des habitants comme des touristes. Pour contacter la brigade, il suffit de composer le 04 75 26 33 22, un numéro bien connu des Nyonsais pour toutes les démarches et les urgences qui ne requièrent pas l’appel au 17.
Lorsque l’on franchit les portes de la brigade actuelle, on retrouve un accueil clair et fonctionnel. La porte d’entrée est large, accessible et vitrée ; la zone d’accueil est visible dès l’entrée. On y remarque des affiches qui rappellent les numéros d’urgence, des flyers sur la prévention routière ou les démarches en ligne. Les gendarmes d’aujourd’hui arborent toujours un uniforme bleu, mais il est désormais agrémenté de gilets pare‑balles et d’équipements numériques. La caserne dispose d’un accès numérique : la brigade numérique permet de discuter avec un gendarme via internet, et on peut même prendre rendez‑vous en ligne. C’est la preuve que, même dans une petite ville provençale, la gendarmerie s’adapte aux nouveaux besoins.
Pourtant, malgré ces évolutions technologiques, l’esprit demeure. Les gendarmes de Nyons continuent à faire leur tournée dans la vieille ville, à veiller à l’ordre et à la tranquillité. Ils passent parfois au marché vérifier que tout se déroule sans heurts. Ils patrouillent sur les routes qui serpentent jusqu’au col de la Croix Rouge, surveillant les allées et venues des touristes. La nuit, les lumières bleues de la brigade rassurent les habitants. La gendarmerie travaille en lien avec la police municipale et la préfecture, mais elle garde ce caractère rural qui la relie à l’histoire.
On ne peut parler de la gendarmerie de Nyons sans évoquer les grandes thématiques qui lui sont associées : la sécurité, bien sûr, mais aussi l’histoire locale, le patrimoine administratif et la justice de proximité. Les murs de la caserne abritent des archives qui racontent les évolutions de la loi et de la vie publique. Les gendarmes participent aux cérémonies officielles, défilent lors du 14 juillet et posent la main sur le drapeau tricolore. Ils ont vu passer des générations de Nyonsais : des paysans en sabots aux jeunes étudiants connectés sur leurs smartphones.
Je me souviens d’un vieux gendarme, appelé Jacquet, qui me racontait les anecdotes de son service. Il se souvenait d’un jour d’orage où un éclair avait frappé le clocher, et la brigade avait dû organiser l’évacuation de la place. Il se rappelait des soirs de fête où les gendarmes restaient discrets mais vigilants, pour que la musique des guinguettes se poursuive sans débordements. Il parlait aussi des tournées à vélo, lorsque l’essence se faisait rare, et des chiens qui l’accompagnaient. La gendarmerie, disait‑il, c’est d’abord un service au peuple, quel que soit l’époque.
Le mot “gendarme” vient de “gens d’armes”, c’est‑à‑dire des hommes d’armes qui servaient la justice sous l’Ancien Régime. À Nyons, ce terme a gardé toute sa noblesse. En Drôme Provençale, on associe toujours le gendarme à des valeurs de courage, d’autorité et de bienveillance. Les touristes qui flânent dans les ruelles croient voir un décor de film lorsque passe une patrouille ; les anciens se sentent en sécurité en apercevant la silhouette familière. La présence de la brigade rappelle que la République est proche de ses citoyens et que la gendarmerie assure un service public important.
Dans ce récit, je n’oublie pas les hasards des mots et des synonymes : on parle de brigade, de caserne, de commissariat parfois, de forces de l’ordre. On évoque la maréchaussée des temps anciens, la brigade d’aujourd’hui. On parle d’uniformes et d’armes, de sabres et de képis, de moustaches et de bottes, de calèches et de gilets pare‑balles. On évoque la belle époque, la Troisième République, la vie rurale en Provence et la modernité numérique. Ce vocabulaire reflète l’évolution de la gendarmerie, mais il montre aussi que le gendarme reste, à Nyons, une figure centrale du village.
Ainsi, mon enfant, lorsque tu passeras devant la gendarmerie de Nyons, prends le temps de saluer le brigadier qui se tient à la porte. Rappelle‑toi que, dans ces murs, se mêlent la mémoire des cartes postales anciennes et la réalité du service public contemporain. Rappelle‑toi que les gendarmes de Nyons ont patrouillé à cheval et en voiture, qu’ils ont porté un sabre et un smartphone. Et n’oublie pas que, même à l’heure des applications et des démarches en ligne, il reste toujours une main tendue et un sourire derrière le comptoir. C’est ça, l’esprit de la gendarmerie de Nyons : une institution républicaine ancrée dans la vie locale, au service de la sécurité et de la mémoire provençale.