Ah, Saint-Ferréol-Trente-Pas… Tu connais pas ? Attends, laisse-moi t’embarquer. C’est pas bien loin d’ici, à peine une douzaine de kilomètres de Nyons. Un vrai coin de paradis, coincé entre les gorges et les oliviers. Ici, le temps s’écoule autrement, comme un filet d’eau dans le Bentrix. D’ailleurs, c’est là, au confluent du Bentrix et du ruisseau des Trente Pas, que s’est posé ce village au nom un peu curieux. Trente-Pas ? Paraît qu’autrefois, pour traverser le ruisseau, fallait faire trente enjambées sur les gués. D’où le nom. Eh oui, c’est pas plus compliqué que ça.
Moi, j’aime bien y passer de temps en temps, surtout l’été quand la nature est en fleurs, et que le soleil fait briller les toits clairs du hameau. Les falaises des gorges de Trente-Pas dominent tout ça, imposantes, un peu comme des grands-pères bienveillants. Et parfois, si t’as de la chance, tu verras un vautour tourner dans le ciel. Ils ont l’œil, ceux-là.
Le village, il a pas toujours porté ce nom-là. En 1391, les registres parlent de Sanctus Ferriolus in Baronniis, puis en 1644 on écrivait Sainct Ferruol, et sous la Révolution, on l’appelait carrément Ferréol le Désert. C’est qu’ils avaient le goût des grands changements, ces gens-là. Et puis, en 1920, un décret a figé le nom qu’on connaît aujourd’hui : Saint-Ferréol-Trente-Pas.
Mais tu sais, l’histoire d’ici, elle remonte bien plus loin que ça. Figure-toi qu’au 7e siècle déjà, les moines de l’abbaye de Bodon avaient planté leur bâton au hameau du Monestier. Ils ont retroussé leurs manches, défriché les terres, et planté des vergers, des oliviers francs surtout. Le prieuré a tenu jusqu’au 8e siècle, avant de se faire ravager, paraît-il, par les Sarrasins. Il en reste une chapelle dont le chœur date du 4e siècle, détruite partiellement par les Lombards. À l’intérieur, y a deux piliers, l’un du XIe, l’autre du XIIe. C’est pas du carton-pâte, ça !
Aujourd’hui encore, l’olivier pousse fièrement sur les pentes. Un peu de blé, de la lavande à foison, et même un champ d’épeautre. En 2005, on comptait un millier de chèvres – les ovins ont laissé la place, faut dire. C’est qu’on fait du bon fromage, ici. Moi je dis, un bon picodon affiné, y a pas mieux pour finir un repas.
Et puis il y a eu les fouilles aux Gandus, à l’entrée des gorges. Là, en 1978, des archéologues ont mis au jour un ancien village de cabanes, daté autour de -825 avant J.-C. grâce au carbone 14. Ils ont trouvé un four, avec un grand vase décoré d’un cordon intégré dans la maçonnerie. Il reste l’empreinte au sol, mais aussi pas mal d’objets qu’on peut voir au musée d’archéologie et d’histoire de Nyons ou à celui de Die. J’y suis allé une fois, j’ai trouvé ça émouvant, tu sais, de voir les traces d’un peuple qui élevait ses bêtes, cultivait le blé, l’épeautre, la féverole et la lentille batârde.
Mais Saint-Ferréol, c’est pas que de l’histoire. C’est aussi la fête du village, qui revient chaque année en juillet. En 2025, ce sera du 18 au 20. Trois jours pour rigoler, écouter de la musique, manger ensemble et se souvenir qu’on est une communauté. Y a des manèges, des jeux pour les petits, et surtout une ambiance comme on n’en fait plus. Le comité des fêtes, composé de bénévoles bien motivés, met tout son cœur à faire vivre nos traditions.
Et si tu veux vraiment te poser, t’as l’embarras du choix côté hébergement. Tu peux dormir au Pays des Senteurs, un gîte tout confort situé à 2 km du village, au calme, dans un écrin de verdure. Y a de l’espace, de la lumière, des senteurs de lavande et de pin… et des hôtes sympas qui savent accueillir. Sinon, y a le Mas des Doux Instants, tout tranquille au bout d’un chemin, avec sa piscine, ses oliviers et sa terrasse qui sent bon l’été ; ou bien l’Auberge de Trente Pas, tenue par Mme Legendre, parfaite pour une pause gourmande. Les campings ne manquent pas non plus : Camping Le Pilat, Camping de Trente Pas, avec leurs snacks, leur verdure, leur accueil chaleureux.
Côté activités, tu pourras pas t’ennuyer : des sentiers de rando et de VTT, de l’escalade sur les parois naturelles, ou juste une balade dans les gorges. Le coin est aussi reconnu par la Fédération de Montagne et d’Escalade, c’est dire ! Et moi, j’te conseille de t’asseoir un moment près du ruisseau, d’écouter l’eau couler, et de respirer.
Voilà, mon ami. Si un jour t’as besoin de t’éloigner du bruit, de respirer l’air des Baronnies et de sentir le soleil te chauffer les épaules, viens donc faire un tour à Saint-Ferréol-Trente-Pas. C’est pas une grande ville, mais c’est un grand bol de vie.
Et comme on dit ici : prends ton temps, le village fera le reste.
Pour y aller depuis Nyons, c’est simple comme bonjour : tu prends la D538 direction La Motte-Chalancon, puis tu bifurques à gauche sur la D64 après Condorcet.
La route grimpe un peu, serpente entre les oliviers et les gorges, mais quel paysage !
En à peine 20 minutes, t’es au cœur de Saint-Ferréol-Trente-Pas, avec les falaises en toile de fond.
Le genre de trajet où tu respires déjà l’air des Baronnies avant même d’être arrivé.