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Quand on parle du savon à Nyons, on ne parle pas seulement d’un produit qui sent bon la lavande ou l’olive. Non. On parle d’une histoire ancienne, patiente, enracinée dans la terre, au même titre que nos oliviers tordus par le vent. À Nyons, le savon, c’est une affaire sérieuse, une histoire de gestes répétés depuis des siècles, de chaudrons, d’huile d’olive et de transmission.
Moi, quand je passe près du Pont Roman et des vieux moulins, j’ai toujours l’impression d’entendre le passé chuchoter. Et il raconte souvent la même chose : ici, on savait déjà faire du savon bien avant que ça devienne à la mode.
À Nyons, tout commence avec l’olivier. Depuis l’Antiquité, il façonne le paysage et la vie quotidienne. L’huile d’olive servait à manger, à conserver, à soigner et à se laver. Bien avant les savonneries modernes, les habitants mélangeaient huile et cendres pour fabriquer un savon simple, rustique, mais efficace.
Grâce à cette abondance d’huile, Nyons avait un avantage énorme : la matière première était là, sous la main. C’est ce qui explique pourquoi, très tôt, la ville a pu développer une savonnerie à Nyons, sans dépendre des ports ou des grandes routes commerciales. Ici, on travaillait avec ce que la terre donnait.
À partir de la fin du XVIᵉ siècle, les choses se structurent. On ne parle plus seulement de fabrication domestique, mais bien d’ateliers dédiés. La savonnerie de Nyons fait alors son apparition dans les archives. Et pas comme une petite curiosité : comme une activité bien réelle, organisée, reconnue.
Les savonniers nyonsais utilisent l’huile d’olive locale, notamment celle issue de la Tanche. Ils fabriquent un savon dur, 100 % végétal, fidèle aux traditions provençales. Pas de graisse animale, pas de tricherie. Le savon de Nyons est réputé pour sa douceur, sa tenue et sa qualité.
Le XVIIIᵉ siècle marque l’apogée. Plusieurs savonneries fonctionnent à Nyons, et la production devient impressionnante pour une ville de cette taille. Le savon circule, se vend, s’échange. Il quitte les Baronnies pour rejoindre les marchés régionaux, parfois même plus loin.
Cette prospérité profite à toute la ville. Les savonniers font travailler les moulins, les transporteurs, les commerçants. Le savon devient un vrai moteur économique local. À cette époque, Nyons peut rivaliser, à son échelle, avec d’autres grands centres savonniers du sud.
Les vestiges visibles aujourd’hui, notamment au pied du Pont Roman, témoignent de cette période faste. Lorsqu’on fait la visite de la savonnerie de Nyons, on comprend vite que ce n’était pas un simple atelier, mais un véritable lieu de production, pensé pour durer.
Mais comme souvent, le progrès a son revers. Au XIXᵉ siècle, les grandes savonneries industrielles prennent le dessus. Elles produisent plus, plus vite, moins cher. À Nyons, les ateliers ferment les uns après les autres, faute de repreneurs ou de moyens pour se moderniser.
La savonnerie à Nyons entre alors dans une longue période de sommeil. Le savoir-faire ne disparaît pas complètement, mais il se replie dans les campagnes. On continue à fabriquer un peu de savon pour la maison, avec les restes d’huile, mais l’activité structurée n’existe plus.
Au début du XXᵉ siècle, certains tentent de relancer la fabrication de savon à Nyons, en s’appuyant sur la réputation de l’huile locale. Mais un événement va tout bouleverser : le gel de 1956. Les oliviers sont décimés. Sans olives, impossible de produire suffisamment d’huile.
Beaucoup abandonnent alors l’oléiculture. Avec elle, la savonnerie retombe dans l’oubli. Pendant plusieurs décennies, le savon de Nyons ne survit plus que dans les souvenirs et les vieilles histoires racontées au coin du feu.
À partir de la fin du XXᵉ siècle, les regards changent. On commence à protéger, restaurer, transmettre. Les anciennes savonneries deviennent des lieux de mémoire. La savonnerie de Nyons, la visite, attire les curieux, les passionnés, les amoureux du patrimoine.
Les Vieux Moulins, les cuves, les voûtes en pierre racontent une histoire unique en France. On comprend alors que Nyons n’a pas seulement produit de l’huile, mais aussi du savon, et que ce savoir-faire mérite d’être remis en lumière.
Puis arrive la vraie renaissance. Une nouvelle savonnerie de Nyons voit le jour avec une ambition claire : refaire du savon ici, à Nyons, en respectant l’héritage. Huile d’olive locale, méthodes traditionnelles, parfums soigneusement choisis… et une identité visuelle qui rend hommage à la Provence d’autrefois.
Aujourd’hui, quand on regarde la savonnerie de Nyons, les avis, le constat est sans appel : les visiteurs apprécient la qualité, l’authenticité, l’accueil et la visite pédagogique. La savonnerie est devenue un passage incontournable pour qui veut comprendre l’âme de Nyons.
Les savons s’exportent bien au-delà de la Drôme, mais restent profondément ancrés ici. On fabrique local, on emploie local, on raconte une histoire locale.
Le savon à Nyons, ce n’est pas une mode. C’est une continuité. Une preuve que certaines traditions, quand elles sont respectées et adaptées, peuvent traverser les siècles sans perdre leur âme.
Aujourd’hui, chaque savonnette raconte l’olivier, la patience, les mains qui travaillent. Elle raconte aussi Nyons, son histoire, ses renaissances. Et moi, Papy Chris, je peux te le dire sans hésiter : tant qu’il y aura des oliviers sur nos collines et des passionnés pour les transformer, la savonnerie de Nyons aura toujours quelque chose à transmettre.