Bonjour l’ami, assieds-toi un instant, j’vais t’raconter un coin que j’porte dans mon cœur depuis belle lurette : La Roche-sur-le-Buis. T’sais, c’est pas bien loin de Buis-les-Baronnies – cinq kilomètres à peine en remontant une vallée qui sent bon la vigne, l’olivier, et le temps qui prend son temps.
La route qui y monte, c’est la départementale 159. Avant, dans l’ancien temps, on passait par le Poët pour relier Buis à Mévouillon. Mais maintenant, c’est cette route-là qui serpente jusqu’à La Roche, et crois-moi, elle t’en met plein les yeux. Dès qu’tu lèves la tête, tu vois le village accroché à la pente de la montagne de Gravas. Et pas posé là par hasard, non : autrefois, c’était un point de contrôle entre les deux grands fiefs des Baronnies.
Le village, il est comme niché entre des gros blocs de rocher, un peu comme s’il jouait à cache-cache avec la montagne. Y’a même un rocher qui porte encore les ruines du vieux château – celui-là, on a bien cru qu’il allait s’écrouler sur le village y’a quelques dizaines d’années, mais il tient bon, le bougre. Aujourd’hui, la vie y est paisible, presque suspendue. On entend plus souvent le chant du Menon, la petite rivière qui traverse le coin, que le bruit des moteurs.
Autour, y’a tout un tas de hameaux aux noms qui chantent : les Sias, les Jean-Jean, les Cléments, les Preyrauds… On croirait presque des personnages d’un vieux conte. Et dans les champs, on cultive la vigne, les fruitiers, et surtout l’olivier, en terrasse, bien alignés sur les pentes. Le sol argileux au sud et calcaire au nord leur va comme un gant.
Côté patrimoine, c’est pas du toc. Au XIe siècle, le village était ceinturé d’un rempart avec tours, créneaux, fossés et deux portes à herse. Aujourd’hui, il reste quelques pans de muraille et le donjon qui surplombe tout. Si t’es un peu sportif, le sentier qui y grimpe vaut le détour, mais faut de bonnes jambes. De là-haut, on a une vue comme dans les cartes postales.
L’église Saint-Christophe, du XIIIe siècle, veille encore sur le village. Y’a aussi la chapelle des Pénitents, qui abrite un petit musée des Arts et Traditions populaires – de quoi raviver les souvenirs des anciens. Plus loin, aux Sias, on trouve la chapelle Notre-Dame de l’Assomption, du XVIIIe.
Et si t’aimes marcher ou pédaler, t’es servi ! Rando, VTT, balade à cheval… Y’a même une boucle de près de 8 km qui part du village et grimpe jusqu’aux ruines du château. Faut compter un peu moins de trois heures, avec 400 mètres de dénivelé. Niveau intermédiaire, comme on dit. Les mollets chauffent, mais le cœur, lui, s’ouvre.
Les amateurs de grimpe, eux, connaissent bien La Roche : 50 voies d’escalade, du 4a au 8a, dans un décor de roche claire et de ciel ouvert. Et pas besoin d’aller loin pour se ravitailler ou prendre un verre après l’effort, y’a de quoi faire dans les environs.
Ah, et j’te parle pas de la fête patronale, le 4e week-end d’août. Une tradition qu’on garde bien au chaud, comme nos olives. Pas de fioritures, juste la joie simple d’être ensemble, de trinquer et de se rappeler d’où on vient.
Alors voilà, La Roche-sur-le-Buis, c’est pas Las Vegas. C’est mieux. C’est un bout d’éternité, accroché à sa montagne, qui te rappelle que la beauté, la vraie, elle se cache souvent là où le silence est roi.
Allez, t’as plus qu’à chausser tes godasses et monter y faire un tour. Tu penseras à moi quand tu verras le donjon.
Alors, pour aller à La Roche-sur-le-Buis depuis Nyons, rien de plus simple, l’ami. Tu prends la D5 direction Buis-les-Baronnies, une route qui longe l’Eygues et traverse les oliveraies – c’est déjà une belle mise en bouche. Arrivé à Buis, tu bifurques à gauche sur la D159. Là, la route se rétrécit un brin, ça grimpe et ça tourne, mais quel paysage ! Des vignes, des murets en pierre, des oliviers à perte de vue.
En moins de 20 minutes, t’es arrivé. Le village de La Roche te saute aux yeux, accroché à la montagne de Gravas, avec ses vieux rochers et son château en ruine qui veille depuis là-haut.
Un vrai petit bout du monde, mais juste à côté.