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asseyez-vous un instant. Fermez les yeux. Imaginez Nyons sur la carte, juste là dans la Drôme, avant qu’on parle de tourisme à Nyons , de Nyons le Corso, de l’Alicoque de Nyons, ou même de la Distillerie de lavande et du Moulin Dozol qui font aujourd’hui la fierté du coin. Imaginez une ville qui sort tout juste de la guerre, où l’on se lavait presque autant avec du savon de la Savonnerie de Nyons qu’avec l’eau de la rivière, et où on allait prendre un café à la Brasserie de la Place Nyons comme on va respirer.
Et voilà qu’un beau matin, en 1950, sort de terre un miracle de béton bleu : la première piscine de Nyons, celle qu’on appelait simplement “la piscine”, parce qu’il n’en existait qu’une. Comme l’a écrit le Dauphiné : « la première piscine de Nyons fut un événement pour toute la région ». Avant ça, mes amis, on se rafraîchissait dans la rivière à Nyons dans la Drôme, entre deux ricochets, trois galets et quatre éclats de rire.
Quand la piscine ouvre, c’est un coup de tonnerre. Un bassin en béton armé, tout droit, tout neuf, sans mousse anti-glisse, sans panneaux “attention eau mouillée”.
Non, à l’époque, si tu glissais, tu glissais.
Et personne n’appelait la mairie, le préfet ou l’Arlequin à Nyons pour se plaindre.
Rapidement, la piscine devient le cœur battant de la ville. Dès que le soleil tapait sur le Pontias, les Nyonsais arrivaient en bande : serviettes sous le bras, pan bagnat dans la glacière, et crème solaire approximative (souvent remplacée par un peu d’huile d’olive — et là, je ne parle pas de l’huile du Moulin Dozol, mais presque !).
Le bassin de 25 mètres accueillait tout le monde :
– les nageurs sérieux,
– les brasseurs du dimanche,
– les gamins qui apprenaient en se chamaillant,
– les mamans qui répétaient “Mets ta casquette !” comme un mantra officiel de l’été nyonsais.
À côté, un petit trésor : le mini-golf. Une carte postale de 1955 montre « le golf miniature au premier plan et la piscine dans la basse ville ».
Les mômes rataient tous leurs tirs, mais ils s’en fichaient : ils replongeaient aussitôt dans le bassin, l’eau plus bleue que les paquets de lavande de la Distillerie de lavande.
Et là, mes petits, arrivent les souvenirs — des pépites de vie comme on en trouve plus.
Nicole : “la belle vie, que des bons souvenirs… la rigolade surtout avec copains et copines”.
Martine : ses fils ont appris à nager avec M. Avallone, maître-nageur d’avant les applis, celui qui remplaçait toute la technologie par un seul coup de sifflet.
Patricia : “y’avait le mini-golf aussi !”
Sabi : son célèbre diplôme des 500 m : “à 8 ans, c’était l’Everest aquatique !”
Ben : “toute ma jeunesse, l’été avec les collègues et les Mister Freeze”.
On croise aussi :
– Mme Laget à l’entrée,
– M. Niel, “petit et rond”,
– M. Schwing, maître-nageur emblématique qui voyait tout, même les plongeons acrobatiques destinés à impressionner “la petite du camping”.
Et puis les copains de juillet-août : Christelle, Yasmina, Marie, Agnès… Ces amitiés d’été qui durent deux mois et qu’on quitte en pleurant fin août.
Pendant ce temps, les anciens prenaient le café à la Brasserie de la Place Nyons, les ados passaient ensuite à l’Arlequin à Nyons (pas encore la, mais je rêve) pour une glace, et les plus petits rentraient en sentant la lavande du jardin ou celle de la Savonnerie de Nyons.
La piscine n’était pas qu’un bassin.
C’était :
– un terrain de basket improvisé,
– un lieu pour draguer timidement,
– un coin pour pique-niquer,
– un refuge contre la chaleur,
– et parfois un bal en plein air.
On y passait la journée entière : baignade, sieste, mini-golf, glaces, Mister Freeze, papotages, retour par la rivière. Une vie simple et pleine, comme Nyons sait encore en offrir.
Le bassin vieillit doucement.
À la fin des années 80, il tient encore debout, vaillant mais fatigué.
Alors au début des années 2000, la mairie décide la grande transformation : on construit Nyonsoleïado, inauguré en 2001.
Toboggans, lagon, jets d’eau, pelouses. Un parc aquatique moderne, mais sur le même terrain que l’ancienne piscine.
Comme si l’âme du lieu avait demandé à rester.
Aujourd’hui, plus aucune trace visible de l’ancienne piscine : pas un mur, pas un plongeoir, pas une cabine.
C’est ce qui compte le plus.
Il reste :
– la chaleur des étés nyonsais,
– les éclaboussures de l’innocence,
– les sauts maladroits,
– les cris des copains,
– les traces de carrelage sur le dos,
– les Mister Freeze multicolores,
– et ce sentiment que la rivière à Nyons dans la Drôme, le Pontias, la Place de la Libération, tout formait un monde complet.
Cette piscine n’est peut-être plus là…
mais dans le cœur des Nyonsais, elle continue, encore aujourd’hui, à faire des vagues.
— Papy Chris, moustache au vent, serviette roulée, et toujours un œil nostalgique vers le bassin disparu