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L’Eygues (ou Aygues) : la grande rivière sauvage qui fait battre le cœur de Nyons – racontée par Papy Chris
Si vous saviez ce que cette rivière représente pour nous, les Nyonsais d’hier et d’aujourd’hui ! L’Eygues qu’on écrivait aussi Aygues dans les vieux bouquins poussiéreux, ceux que je lis quand je traîne mes guêtres dans les archives c’est un sacré morceau de Drôme provençale. Une rivière libre, capricieuse, mais généreuse, qui a charrié autant de galets que de souvenirs, de baignades, de crues mémorables et de petits bonheurs simples.
Et je vous assure : se baigner dans l’Eygues à Nyons, quand il fait une bonne météo à Nyons, c’est un plaisir que rien n’égale.
Laissez-moi vous la raconter comme si on marchait ensemble sur la digue, un matin d’été, en sentant déjà le soleil chauffer la pierre. Pendant que la ville se réveille doucement vous savez, Nyons, avec son charme tranquille, ses marchés, Nyons l’actualité de la ville que je lis toujours sur mon téléphone, et même l’odeur sucrée qui sort parfois de la fabrique des Savons de Nyons, juste pour vous donner envie de rentrer avec un souvenir qui sent bon la Provence.
L’Eygues démarre fort. Elle naît au pied des bois du Laus-Montaux, dans les Hautes-Alpes, vers mille mètres d’altitude. Là-haut, le silence est si profond qu’on entendrait presque les sources discuter entre elles.
Ensuite, la belle dévale, elle file vers l’ouest, absolument déterminée, comme si elle voulait rejoindre Nyons pour dire bonjour. Elle reçoit au passage l’Escales, des torrents bondissants, et entre dans la Drôme du côté de Montferrand. Là, le paysage commence à devenir plus ouvert, plus doux, avec ce mélange d’air alpin et provençal.
Puis elle se fraie un chemin entre Verclause, Pelonne, Rémuzat, Saint-May, Sahune, Curnier, les Pilles. Une vraie tournée des villages perchés, comme une vieille tante qui passe en revue toute la famille.
À l’entrée de Nyons, l’Eygues s’ouvre d’un coup, comme si elle poussait un gros soupir. La vallée s’élargit, les cyprès apparaissent, les olives AOP ne sont jamais bien loin, et les Nyonsais ont toujours eu un œil sur la rivière. Un jour elle dort, un jour elle ronchonne, un jour elle est turquoise, un autre boueuse bref, une vraie Provençale, avec son caractère.
C’est là, en passant sous le Pont Roman, qu’elle devient presque une carte postale : galets blancs, plages sauvages, eaux fraîches. Moi, gamin, j’y ai trempé mes pieds tout l’été. Puis plus tard, j’ai emmené ma famille y pique-niquer. Et aujourd’hui encore, quand vous me demandez où se baigner dans l’Eygues à Nyons, je vous réponds avec mon grand sourire : “Sous le Pont Roman, gamin, tu ne peux pas te tromper !”
Et quand on regarde l’eau couler en pensant que l’altitude de Nyons tourne autour de 270 m, on se dit que ce coin de vallée, protégé par le Pontias, est vraiment un petit paradis.
Dans les vieux textes, on énumère ses affluents comme une litanie de famille. Et moi, ça me fait rire parce qu’on dirait qu’on récite la liste des cousins du village. Tenez :
— le Léoux, qui débarque depuis Armagnon ;
— l’Envayre, 19 km de zigzags ;
— le Rieu, petit nerveux de 7 km ;
— le Tréboux ;
— le Toulourenc, le frimeur des gorges ;
— la Bordette, le Saffre ;
— la Garde, qui tombe dans l’Eygues sous Nyons ;
— le Riou, le Riousec, le ruisseau des Pilles…
Et encore : l’Amandière, le Marcigière, le Serre, le Boudon. Toute une bande qui dévale des montagnes, gonfle la rivière, la nourrit. Une vraie famille recomposée mais soudée !
Après Nyons, elle continue, plus large, plus mature. Elle longe Vinsobres terroir de vin rouge fruité puis descend vers la plaine. Elle sépare même la Drôme du Vaucluse, tranquille comme une ligne dessinée par la nature.
Vers Tulette, environ 127 mètres d’altitude, elle quitte la Drôme et file retrouver le Rhône du côté de la Gabelle. Un long voyage de 100 km !
L’Eygues, c’est pas seulement un nom sur une carte. C’est une rivière vivante, imprévisible, parfois dangereuse, mais toujours attachante. On y a tous un souvenir :
— une baignade glacée,
— un galet collectionné,
— un pique-nique avec une tomate du jardin,
— une photo avec les Pilles derrière,
— un après-midi à écouter la rivière raconter des histoires.
Et souvent, le soir, quand je longe la digue en vélo Nyons ou que je regarde les familles revenir des campings autour de Nyons, on sent que la rivière fait partie du quotidien. Certains vont ensuite grimper à l’accrobranche de la ville de Nyons, d’autres acheter un savon parfumé à l’huile d’olive…
Dans les livres, on lit que l’Eygues a toujours été une “masse d’eau considérable” qui façonnait la vallée. On parle de crues, de passages étroits, de villages baignés par ses eaux. Les mots changent Aygues, Eiguo, Aigua mais la rivière, elle, continue, lente et têtue.
Et moi, Papy Chris, quand je la regarde passer sous le Pont Roman, je me dis qu’elle a vu défiler plus de siècles que nous n’aurons jamais de rides.
L’Eygues, c’est la colonne vertébrale, le murmure d’été, la fraîcheur des heures chaudes, la raison pour laquelle nos olives sont si bonnes.
Si vous venez visiter Nyons, passez par l’Eygues. Regardez-la, écoutez-la. Elle vous racontera tout.
Et peut-être que vous entendrez aussi un vieux moustachu comme moi dire :
« Hé, tu sais gamin l’Eygues, c’est mon pays qui coule. »