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Quand je suis arrivé à Nyons pour la première fois, avec mon accent du Nord et mes habitudes de Lillois, j’ai vite compris que cette ville n’était pas une simple carte postale. Ici, la Drôme provençale respire à travers les histoires qu’on me raconte. Il suffit de s’asseoir cinq minutes sur un banc au Pont Roman, devant la place des Arcades, au bord de l’Eygues – pour qu’un ancien me lance un “Tu sais, autrefois”, et voilà que je pars dans un voyage que je n’ai jamais vécu, mais que j’ai l’impression de connaître par cœur.
Au fil des années, j’ai rassemblé ces paroles comme on récolte des olives : une par une, avec patience et respect. Ce que je vais te raconter là, ce ne sont pas mes souvenirs à moi, mais ceux que j’ai entendus, parfois en buvant un café trop chaud, parfois au marché, parfois en marchant dans le vieux Nyons. Et grâce à eux, je comprends un peu mieux ce Nyons d’autrefois, ce village qui, selon tous les anciens, ne dormait jamais vraiment.
La vie dans les rues : un village dehors du matin au soir
On m’a souvent décrit un Nyons où la vie se faisait dehors. Pas de télé, pas d’écrans : la rue était le théâtre, la place des Arcades était le salon, et la rue des Déportés était un défilé permanent.
Les anciens disent que dès la fin d’après-midi, les familles sortaient pour s’asseoir, discuter, surveiller les enfants. Les gamins couraient du pont jusqu’au Champ de Mars, jouaient à la pétanque devant le Café des Palmiers, improvisaient des parties de basket, construisaient des chariots avec trois planches et des roulements donnés par les garagistes du coin. “On descendait la rue du Pont comme des fous !”, m’a un jour raconté un monsieur qui avait encore les yeux brillants rien qu’en y pensant.
Et le soir, loin d’aller se coucher tôt, ils prolongeaient les jeux. Certains me disent qu’ils jouaient dehors jusqu’à minuit en plein été, et jusqu’à 2 heures du matin les nuits douces. Nyons vibrait. Les cafés restaient ouverts tard, les rires résonnaient dans les ruelles, et la fraîcheur de la nuit venait caresser les pierres.
Un des endroits les plus vivants, d’après les récits que j’ai entendus, c’était la rue des Déportés à Nyons. On y trouvait tout : le coutelier, les teinturiers, les épiceries, les commères, les rigolards. Une vraie petite ville dans la ville.
Des noms reviennent souvent dans les conversations :
- Louis Olivari, un teinturier connu pour pousser la chansonnette dans les bistrots.
- Le père Pagès, un autre teinturier, très impliqué dans les fêtes du village.
- Une épicière surnommée “la Grenouille”, qui avait un caractère bien trempé.
- Les épiceries Ramade, où chacun trouvait ce dont il avait besoin.
- Et surtout, l’incroyable détail que j’entends encore et encore :
il y avait plus de soixante-dix épiceries dans les environs de Nyons !
C’est difficile à imaginer aujourd’hui, mais cela montre à quel point Nyons vivait à son propre rythme, avec ses artisans, ses commerces, ses bruits et ses odeurs.
En parlant de bruit, on me raconte souvent l’ambiance incroyable du pont de Nyons autrefois. L’été, il y avait tellement de monde qu’il devenait impossible de se croiser dessus. Les caravanes s’y aventuraient, mais certaines ne pouvaient plus reculer.
Une personne m’a dit :
“On décrochait les caravanes au milieu du pont pour les tirer à la main ! Je te jure, c’était sport.”
Plus tard, un feu a été installé à l’angle du Casino, histoire de mettre un peu d’ordre dans ce joyeux bazar.
Si je devais retenir une chose des récits des anciens, ce serait la liberté qu’avaient les enfants. Ils jouaient dans le vieux Nyons, dans les Forts, dans les escaliers, dans la rue, dans la rivière.
Ils inventaient leurs propres routes à la craie pour “passer le permis”. Ils montaient dans le train en marche quand il roulait doucement, faisaient un aller jusqu’à Novézan, puis revenaient à pied.
Et puis il y a l’Eygues.
Ah, l’Eygues…
Avant la piscine, c’était la baignade. On pêchait à la main des ablettes, des barbeaux, des chevesnes, parfois même une anguille. On faisait des cabanes aux Devès. On jouait. On vivait.
Le marché de Nyons, déjà à l’époque, attirait les villages alentours : Aubres, Condorcet, Les Pilles, Sahune, Montaulieu… Les paysans arrivaient avec leurs charrettes, leurs chevaux, leurs “biasses”. Ils venaient vendre, mais surtout échanger, discuter, rire.
À entendre les anciens, il y avait une sacrée ambiance. Certains repartaient un peu pompettes après avoir bu un ou deux verres entre amis. Mais leurs chevaux, habitués, les ramenaient à bon port sans se tromper de route.
Les cafés étaient l’autre cœur de Nyons. Entre ce qu’on m’a raconté du café du Pontias ou du Bar du Centre, j’aurais presque l’impression d’y avoir passé ma vie. On y buvait du café, de la gnole, du blanc, on y parlait politique, on y jouait aux cartes, on y réglait les petits soucis de la journée.
On ouvrait à 5 heures du matin, on fermait à minuit, et entre les deux, il n’y avait pas un seul moment de calme.
Comme si ce n’était pas assez, Nyons avait aussi trois cinémas :
- Le Casino
- Le Star
- Le cinéma de l’abbé Catherain
On revoyait les mêmes films plusieurs fois, mais personne ne s’en plaignait. Les places en bois étaient les moins chères, les fauteuils du fond les plus chers.
Et puis il y avait les bals, le corso fleuri, les fêtes votives, les spectacles de catch. Les nuits d’été duraient une éternité.
Ce que j’aime dans tous ces récits, c’est qu’ils racontent un Nyons plein de vie, un village où l’on vivait ensemble, dehors, sans se presser. Un Nyons où tout le monde se connaissait, où chaque commerce avait une âme, où chaque ruelle avait une histoire, où la rivière et le pont rythmaient les journées.
Moi, Chris, gars du Nord tombé amoureux de ce coin de Provence, je ne l’ai pas connu ce Nyons-là. Mais je l’ai tellement entendu qu’il vit un peu en moi.
Et quand je marche sous le Pontias ou que je traverse la place des Arcades, je crois entendre encore les éclats de voix, les cris des enfants, les roues des charrettes, les rires des cafés comme si ce village qui ne dormait jamais n’avait jamais vraiment disparu.