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Je vais te dire, mon ami : même si je n’ai jamais vu une locomotive souffler devant la gare de Nyons, j’ai tellement discuté avec les anciens que j’ai l’impression d’y avoir traîné mes espadrilles. Aujourd’hui, on passe devant la gare comme si de rien n’était, mais autrefois, c’était un vrai carrefour de vie. La ligne Pierrelatte – Bollène – Suze – Valréas – Nyons, elle faisait battre le cœur du village. Et puis, à partir de 1918, les choses ont commencé à se gâter, un peu comme une huile d’olive qu’on aurait oubliée ouverte au soleil.
La guerre était passée par là, les habitudes changeaient, et le monde moderne pointait son nez. La Compagnie du PLM trouvait que ça ne rapportait plus assez. Résultat : on supprimait un train par-ci, un train par-là et les élus de Nyons s’arrachaient les cheveux.
La lente disparition des trains : moins de passagers, plus de soucis
Dès la fin de la Première Guerre mondiale, la fréquentation diminue. Les trains voyageurs se vident, les gens bougent autrement, et petit à petit, la compagnie PLM réduit la voilure. Les Nyonsais protestent, bien sûr. Tu connais le caractère du coin : quand on n’est pas content, on le dit, et fort.
René Barjavel, qui savait croquer son époque, racontait même qu’à force de supprimer des trains, il n’en restait plus qu’un et qu’il était bourré comme un pressoir à olives fin décembre.
Mais malgré les lettres, les réunions, les discours, rien n’y fait : le train recule.
Ah, les fameux autocars Valréassiens ! C’est un peu la goutte d’huile qui a fait déborder la lampe. Plus rapides, plus souples, plus modernes et surtout plus rentables que les vieux trains du PLM.
À partir de 1930, ces engins commencent à circuler partout, jusque vers Marseille, en passant par Valréas.
Le PLM dit alors :
— « Vous voyez bien, les gens préfèrent les autocars. »
Oui, mais si on enlève les trains, c’est sûr qu’on ne risque pas d’en attirer, des voyageurs !
Le Conseil municipal de Nyons monte au créneau. Une vraie bataille rangée. Lettres au préfet, motions indignées, protestations dans les journaux. Les élus répètent que Nyons n’est pas un hameau perdu mais un centre vivant, une sous-préfecture dans l’âme, avec trois fois plus d’habitants que certaines communes mieux desservies.
Malgré ça, le PLM renâcle, souffle, proteste mais continue à avancer vers la suppression.
En 1939, le PLM revient à la charge avec un projet de suppression totale du trafic voyageurs. Les élus tombent de leur chaise.
La compagnie propose alors une “solution” : un train mixte marchandises-voyageurs. Une sorte de compromis bancal où tu vas travailler assis à côté d’un chargement de bois et de sacs de farine. Autant te dire que ça n’a pas fait rire les Nyonsais.
Les trajets deviennent plus longs, les correspondances ne sont plus assurées, et tout le monde râle même les chèvres du Devès, c’est dire.
Mais ce n’est que le début du chaos.
Quand arrivent les réfugiés, fuyant les bombardements, la ligne ressuscite un peu malgré elle. On ne sait plus où mettre les gens, mais on les transporte quand même. Le train sert alors à tout : déplacer des familles, acheminer du bois, du charbon, de la nourriture.
Et ironie du sort : au moment où la ligne n’a jamais autant servi, la PLM décide de supprimer officiellement le service voyageurs en février 1940, ne gardant qu’un aller-retour quotidien.
Les autocars, eux, sont réquisitionnés par l’État à cause des pénuries d’essence. Du coup, on voit revenir des trains qu’on pensait condamnés, mais avec des horaires changeants, un matériel fatigué, et des retards tellement fréquents que certains disaient :
— « Pour partir à l’heure, prends le train de la veille ! »
Après 1945 : la ligne ne reviendra jamais
Quand la guerre se termine, on reconstruit le pays mais pas la ligne de Nyons.
Elle a trop souffert, trop coûté, trop été délaissée.
Les rails seront retirés petit à petit, les bâtiments vendus, et la gare deviendra un lieu qu’on regarde avec nostalgie, comme une vieille photo jaunie qu’on garde dans une boîte à chaussures.
La route gagne définitivement.
Les autocars deviennent rois.
Et Nyons, comme tant d’autres villages français, dit adieu à son train.
Ce que cette histoire nous dit de Nyons
Tu vois, mon ami, si cette histoire du train touche autant les anciens, c’est parce qu’elle parle d’autre chose :
de l’attachement des Nyonsais à leurs services publics,
de la lutte contre les décisions injustes,
de ce coin de Drôme qui a toujours voulu rester connecté au reste du monde.
Nyons n’a peut-être plus son rail, mais elle a gardé son caractère, sa mémoire et sa capacité à se battre tout comme ses oliviers, tordus par le vent mais debout depuis des siècles.