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Asseyez-vous donc un instant, que je vous raconte une histoire qui sent bon les vieux cahiers de solfège, les pavés de Nyons et les gamins qui courent au concert avec une clarinette sous le bras. Parce que l’École de musique de Nyons, voyez-vous, ce n’est pas juste une association où l’on vient faire grincer un violon ou souffler dans un saxophone. Non. C’est un morceau de notre mémoire collective, un bout de l’âme du village, un fil qui relie nos anciens à nos enfants.
Et ce fil-là, il a été tendu par un monsieur qu’on oublie trop souvent : Frédéric Autiero. Alors laissez-moi remettre les pendules à l’heure ou les métronomes, plutôt.
On est en 1924. Imaginez un petit bonhomme sec, énergique, sorti du conservatoire d’Avignon et de Paris, qui débarque à Nyons comme on entrerait dans une partition blanche. Il pousse la porte d’un local et, ni une ni deux, il ouvre À la Lyre Musicale, une boutique qui vendait de tout : cordes, instruments, partitions, conseils (surtout), et souvent un peu d’espoir aussi.
Il y a une photo que j’adore : trois fillettes devant la boutique, fières comme des reines. On dirait qu’elles posent devant la maison de la musique elle-même. Et quelque part, ce n’est pas loin de la vérité : chaque gosse qui passait par-là ressortait avec une note dans la tête.
Mais Autiero n’était pas qu’un commerçant. Ah ça non ! C’était une locomotive musicale. À peine installé, il fonde L’Écho de Devès, un orchestre qui faisait trembler les murs le dimanche matin, puis L’Avant-Garde nyonsaise, la fanfare du coin, une vraie fanfare à l’ancienne, avec du souffle, du cœur, et des chapeaux parfois trop grands.
Et pour ne rien arranger, il crée l’école de musique et dirige Les Enfants du Pontias entre 1950 et 1953. Ces petits-là, ils ont fait chanter la ville comme personne.
Et comme s’il n’avait pas assez de projets, voilà qu’il compose une opérète, Princesse Joujou, qui file jusqu’à Bruxelles. Eh oui, mes petits : Nyons sur une scène belge ! C’est pas tous les jours qu’on voit ça.
Et tenez-vous bien : le bougre invente même un instrument à cordes, l’Hawaïna. Chez nous, on n’a pas la mer, mais on avait déjà le son des îles…
Je pourrais vous raconter encore mille anecdotes. Par exemple, à l’école, il faisait chanter les enfants tout en pompant un soufflet bizarre. Quand il partait, il lançait toujours : « Je vous reverrai ! »
Et oui, il revenait. Il revenait toujours.
En 1967, la place des Herbes devient la place Autiero. Rien que ça. Une manière de dire merci.
Alors maintenant, fast forward, comme disent les jeunes. On arrive presque à aujourd’hui. Pendant que moi je sirote mon café sur la place Buffaven, l’École de musique de Nyons continue son petit bonhomme de chemin.
En 2021, la presse nous raconte que l’association se porte bien : des finances saines, des projets plein les tiroirs, une équipe motivée. Moi je vous le dis : quand une école de musique a la tête sur les épaules et le cœur bien accroché, c’est qu’elle est solide.
En 2022, les choses s’accélèrent.
En juin, les élèves montent voir l’orgue de l’église Saint-Vincent. Un mastodonte de bois et de tuyaux, mais quel son, mes petits ! On en aurait presque la chair de poule. Le lendemain, pour la Fête de la Musique, c’est la fête aux gamins : un gros succès populaire, comme dit le journal. Les gens dansaient, applaudissaient… on aurait dit un début d’été comme dans les films.
En septembre, portes ouvertes : les parents regardent, les enfants touchent les instruments, les professeurs sourient. Et hop, quelques futures carrières musicales viennent probablement de naître.
En novembre 2022, l’Assemblée Générale annonce que les cours progressent, mais que les finances, elles, demandent un peu d’huile dans les rouages. C’est normal : maintenir une école vivante, ça coûte des sous. Mais quand la passion est là, on trouve toujours une solution.
En janvier 2023, audition Ça m’air musique : les élèves montent sur scène et je vous promets qu’il y a des talents qui vous retourneraient un auditorium entier.
Et en février, une soirée spéciale jeunes à l’Étincelle : ça saute, ça chante, ça rigole, ça ose. Bref, ça vit.
Si Autiero revenait aujourd’hui et qu’il visitait l’école, je crois qu’il en tomberait à la renverse. L’association, telle qu’elle est présentée en 2025 — moderne, structurée, chaleureuse —, c’est exactement ce qu’il avait en tête : une école populaire, accessible, tournée vers l’avenir, où chacun peut trouver sa musique.
On y trouve :
une équipe pédagogique compétente,
des cours pour tous les âges,
des ateliers collectifs qui donnent goût au jeu d’ensemble,
des événements toute l’année,
un esprit associatif bien vivant.
Et surtout, on y trouve encore quelque chose qu’on ne peut pas acheter : l’envie. L’envie de jouer, de progresser, de se retrouver, de partager.
Autiero aurait adoré voir ça.
Quand je regarde cette école de musique en 2025, je me dis que la boucle n’est jamais vraiment bouclée. Les élèves d’aujourd’hui marchent dans les pas de ceux d’hier. Les projets poussent sur les racines des anciens. Et la musique, elle, continue son voyage.
On ne sait jamais vraiment où mène une note.
Mais à Nyons, on sait d’où elle vient.
De La Lyre Musicale, de L’Écho de Devès, de L’Avant-Garde Nyonsaise, des petites voix des Enfants du Pontias.
Et maintenant, de cette école moderne, qui enseigne avec le sourire ce que d’autres ont transmis avec passion.
Alors mes petits, si vous passez un jour à Nyons, tendez l’oreille.
Vous verrez qu’un siècle après Autiero.
la ville chante encore.
Ecole de Musique de Nyons
Adresse : Place de l'ancienne Mairie, 26110 Nyons
Téléphone : 04 75 26 16 21