Tu me dis quand, je te dis où — CLIQUE ICI pour un conseil local → Tell me when, I’ll tell you where — CLICK HERE for local advice →
Quand on évoque Nyons, on pense immédiatement à ses olives AOP, son pont Roman, ses places ombragées et son célèbre Hôtel Colombet. Mais ce que beaucoup ignorent encore, c’est que cet hôtel, aujourd’hui si bien installé sur la Place de la Libération, n’a pas toujours été là. Son premier souffle, sa première adresse, son premier foyer, se trouvait sous les arcades de l’ancienne Place du Marché, au cœur du vieux Nyons.
Nous sommes au milieu du XIXᵉ siècle. Gustave Colombet arrive dans la Drôme Provençale avec de l’expérience, des recettes en tête et l’envie de s’installer durablement. Il choisit un emplacement simple, pratique, presque évident : les arcades. Là où la fraîcheur des voûtes protège des étés brûlants, là où passent marchands, muletiers, VRP d’époque et voyageurs venus de Vaison, Dieulefit ou Valréas. L’établissement s’appelle alors Hôtel des Voyageurs, et fait partie des lieux incontournables de Nyons.
La Place du Marché (aujourd’hui Place des Arcades / Place du Dr-Bourdongle) grouille de vie. On y négocie le kilo d’olives comme d’autres négocient une voiture. On y discute, on y mange, on y dort après une longue route. Les registres d’époque montrent une clientèle variée : marchands forains, mélomane de passage, curistes avant l’heure, représentants, voyageurs curieux et habitants des Baronnies qui descendaient en ville pour les foires.
L’Hôtel des Voyageurs devient rapidement un point de repère. Sa réputation se construit sur la cuisine, l’accueil et ce charme typiquement nyonsais où l’on mélange les nouvelles du pays, les plats généreux et les discussions animées sous les voûtes en pierre.
Mais une auberge, pour durer, doit évoluer. Et c’est exactement ce que fait la famille Colombet. À partir de 1887, un jeu de patience et de stratégie immobilière commence. L’objectif : agrandir l’établissement pour répondre à la demande, moderniser, tout en restant au cœur du Nyons historique.
La famille rachète d’abord Le Grand Hôtel des Voyageurs, puis en 1900 l’Hôtel du Louvre, et enfin en 1918 le Café du Louvre. Ces acquisitions successives permettent au Colombet de se déplacer progressivement vers la Place de la Libération, où se situe l’hôtel actuel.
Ce n’est pas un simple déménagement : c’est une transformation. Les bâtiments sont unifiés, les chambres modernisées, une cuisine plus vaste est créée, le chauffage central arrive (une petite révolution dans la Drôme Provençale), les salles sont repensées et l’hôtel gagne en confort sans perdre son âme.
Au fil des décennies, l’Hôtel Colombet s’adapte. Il accueille voyageurs, touristes, représentants, écrivains et même quelques personnalités politiques ou historiques. Les tommettes rouges, la salle à manger à l’ancienne, les fenêtres ouvertes sur la lumière de la Provence, tout raconte une histoire qui se mêle à celle de la ville.
Et pourtant, malgré ce changement d’adresse, malgré les transformations, malgré l’évolution du tourisme dans la Drôme Provençale, une chose reste : le surnom.
Pour les Nyonsais, l’hôtel reste « le Colombet sous les arcades ». Même s’il n’y est plus depuis plus d’un siècle. Parce qu’ici, les noms s’accrochent, comme les olives sur les arbres, et que la mémoire des lieux résiste mieux que les panneaux.
Aujourd’hui encore, l’Hôtel Colombet incarne une partie de l’identité de Nyons.
On y trouve :
l’accueil chaleureux typique de la Provence,
des chambres qui respectent l’esprit d’origine,
l’histoire d’une famille qui a façonné un pan entier de la ville,
et ce parfum d’auberge d’autrefois que même la modernité n’a pas réussi à effacer.
L’hôtel n’est plus sous les arcades, mais il a conservé cette manière discrète de raconter l’histoire du Nyons d’hier et d’aujourd’hui. Et c’est peut-être ça, sa force : être à la fois un lieu d’hébergement et un fragment vivant du patrimoine local.