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Le Pontias. Rien qu’à prononcer son nom, moi j’ai l’impression d’être déjà là, au petit matin, juste avant que la ville s’ébroue. À Nyons, ce vent du Nord-Est, il fait partie du décor autant que les olives et la Tour Randonne. Il vient des montagnes alpines, tranquille mais déterminé, et il se pointe dès l’aube pour souffler jusqu’en milieu de matinée.
Un souffle frais, sec, presque tonique, qui te nettoie la vallée et te rafraîchit même quand l’été cogne. C’est aussi grâce à lui que Nyons garde son titre de « Petit Nice » de la Drôme : soleil à gogo, températures douces, mais une bonne petite brise pour que ça reste vivable. Comme on est un peu à l’écart du couloir du Rhône, on évite les rafales de Mistral, mais on profite de ce vent-là, qui « débouche le ciel » comme dirait mon voisin Lucien.
Le nom, c’est toute une histoire. Paraît que ça vient du latin pontus, la « mer ». Et là, accroche-toi, parce que la légende est savoureuse.
On raconte que Saint Césaire d’Arles, en bon dépanneur des temps anciens, serait revenu de Camargue avec le vent dans un gant pour aider Nyons pendant une période de sécheresse. Oui oui, dans un gant ! Arrivé près de chez nous, il balance le gant contre un rocher, paf ! Une brèche, et de là sort ce vent qui manque aujourd’hui à personne. Et hop, les Nyonsais le baptisent « Pontias », clin d’œil à la mer d’où il serait venu.
Ça date du XVIIIᵉ siècle cette histoire, et depuis, le vent a presque le même statut qu’une mascotte locale.
Le Pontias, c’est pas le genre à faire des caprices : lui, quand il souffle, il souffle. Il ne s’arrête pas pour repartir, non, il reste en continu jusqu’à ce que la source humide qui le nourrit s’épuise.
Il court sur environ 6–7 km le long de la vallée de l’Eygues, tout droit, sans zigzag. En hiver, il démarre vers 21 h et s’arrête dans la matinée. En été, il se lève vers 3 h du matin pour souffler 4 ou 5 heures.
Très sec, très vif, jamais mou. En hiver, tu te le prends comme un coup de couteau froid. En été, c’est un cadeau du ciel qui te rafraîchit sans te geler. Un vrai « vent ravigotant » comme disaient les anciens.
Ce vent, c’est une bénédiction pour la nature d’ici. Il purifie l’air, sèche ce qu’il faut sécher, empêche les excès, garde les journées claires et lumineuses. Grâce à lui, Nyons est la ville la plus ensoleillée de la Drôme.
En vigne, il est redoutable contre les maladies comme le mildiou. Il empêche la rosée de s’installer, ce qui limite les champignons.
Et pour l’olivier alors là, c’est carrément un ami intime.
Déjà en 1771, on écrivait noir sur blanc que ce vent rendait les oliviers plus féconds et l’huile plus excellente. Résultat : Nyons se retrouve tout au nord de la zone où l’olivier accepte de vivre en Europe. Autant te dire que l’olive noire Tanche et l’huile AOP lui doivent une fière chandelle.
On le fête d’ailleurs souvent sans même s’en rendre compte : Olivades, fête de l’olive jusqu’à la Scourtinerie, qui perpétue l’art des filtres à huile, héritage vivant de tout ce que souffle le Pontias.
Le Pontias, chez nous, c’est presque un personnage. Ses légendes, ses histoires, ses fêtes il a une vraie présence culturelle.
Chaque année, on a les Médiévales du Pontias dans la vieille ville, histoire de rappeler que ce vent est aussi une part du folklore.
On lui a même attribué autrefois des pouvoirs médicaux : quand il soufflait bien, on disait que la santé de la ville était assurée. S’il se faisait rare, là, les anciens prenaient ça pour un mauvais signe.
Et puis, il y a le fameux « trou du Pontias », là-haut au col. Une balade que je conseille à tout le monde. Tu grimpes, tu longes les éboulis, et là tu sens le vent sortir, comme une respiration de la montagne.
Le Pontias, il appartient à un décor splendide. Nyons, avec ses Baronnies, son soleil, ses vieilles pierres, c’est un bijou posé dans un écrin de collines.
Quand tu arrives ici, tu vois :
Le Pont Roman du XIVᵉ siècle, avec son arche unique.
La Tour Randonne qui veille sur le vieux quartier.
Les ruelles pavées, les Arcades, le château Delphinal, l’église Saint-Vincent.
La Scourtinerie, toujours debout, témoin de l’histoire oléicole.
Et puis il y a l’ambiance :
Le marché du jeudi, qui existe depuis le Moyen Âge, la vie autour des places, les vues sur les oliveraies, les randonnées vers les crêtes, les lavandes qui te chatouillent le nez.
Autour, tu as Mirabel-aux-Baronnies, les gorges de Trente Pas, Saint-Jalle, Saint-Julien. Chaque coin a son charme, entre garrigue, lavande, calcaire blanc et forêts de pins.
Découvrir Nyons, c’est savourer un climat doux toute l’année, goûter aux oliviers les plus nordiques d’Europe et profiter chaque matin de ce petit vent fidèle.
Le Pontias « ne cesse de souffler, ni en hiver ni en été, ni tiède ni froid ».
Il fait partie de notre identité, il relie la météo, l’agriculture, les traditions et l’histoire.
Il donne à Nyons quelque chose que tu ne trouveras nulle part ailleurs.
Ici, on vit avec le vent et on s’en porte très bien !