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si vous aviez vu ça, la cueillette des olives à Nyons vers 1900 ! Rien à voir avec nos filets modernes, nos peignes en plastique et nos bidons bien propres. À l’époque, dans les Baronnies, c’était tout un rite, presque une cérémonie, un mélange de travail, de famille et de traditions qui sent bon le terroir et l’huile fraîche.
Les femmes, les hommes, parfois même les gosses, tout le monde mettait la main à l’arbre. On commençait souvent tout début décembre, quand le vent du Pontias avait fait frissonner les oliviers et qu’on savait que les fruits étaient enfin prêts. Et attention : ici, on parlait déjà de qualité, même si l’AOP Nyons n’existait pas encore sur les papiers. Dans les gestes, elle était là depuis toujours.
En 1900, pas de gaules en carbone, ni de filets XXL. On travaillait avec ce qu’on avait :
Les échelles “à perroquet” : taillées dans du bois de frêne ou de tilleul, avec leurs barreaux irréguliers, posées à même la terre. Elles grinçaient un peu, mais elles tenaient bon.
Les paniers en osier, portés à la taille avec une sangle en tissu.
Les gaules fines pour tapoter les branches délicatement.
Les tabliers profonds, noués devant, qui servaient de mini-filets humains.
Chaque outil racontait une histoire : on les réparait, on les prêtait, on les transmettait. On reconnaissait une famille rien qu’à la façon dont l’échelle avait été taillée ou dont le panier avait été tressé.
La cueillette manuelle, c’était la règle. Les olives de Nyons, ces petites perles noires ridées, étaient trop fragiles pour être tapées comme dans d’autres régions. Alors on les faisait rouler du bout des doigts, on les déposait avec soin, comme si c’était des bijoux.
L’ambiance ? Un mélange de rires, de discussions, de chiens qui tournaient autour des paniers, et de ce silence particulier des oliveraies en hiver.
Parfois, on entendait juste le toc-toc d’une branche, le crissement d’une échelle, ou un « Oh peuchère ! Fais attention, j’suis dessous ! » quand une olive décidait de viser l’œil d’un cueilleur.
Ah ça, les olives piquées, c’était le trésor du mois de décembre.
Quand les premières gelées arrivaient et qu’on sortait les paniers pleins, certaines familles gardaient une partie de la récolte pour les piquer au sel. On les déposait dans de grands plats, on les recouvrait d’un linge, et on les secouait chaque matin comme on bercerait un bébé.
Résultat : des olives noires, fondantes, un peu fripées, avec ce goût unique que même les gens de Dieulefit nous envient encore aujourd’hui.
Fin janvier, quand tout était pressé au moulin, arrivait la Fête de l’Alicoque.
Et là, attention : même en 1900, ça rigolait pas.
On goûtait la tapenade encore tiède.
On trempait du pain de campagne dans l’huile nouvelle.
Les vieux du village racontaient les récoltes d’autrefois.
Les familles défilaient au moulin avec les bidons encore tièdes.
L’odeur dans les rues ? Un mélange d’olive chaude, de bois brûlé, et de fierté nyonsaise concentrée.
Si on veut comprendre la cueillette en 1900, il faut imaginer les moulins traditionnels, avec leurs meules en pierre, leur rythme lent, presque hypnotique.
Les olives arrivaient dans de grands paniers, on les nettoyait, on les écrasait doucement, et l’huile s’écoulait dans un filet doré ou parfois légèrement vert selon l’année.
Le moulin, c’était :
un lieu de travail,
un lieu de retrouvailles,
un lieu où les nouvelles circulaient avant les journaux.
C’était là que se décidait si l’année avait été “bonne”, “bof”, ou “exceptionnelle”.
La cueillette des olives à Nyons en 1900, c’est plus qu’une simple tradition agricole :
c’est la base de ce qui deviendra plus tard l’AOP Olive Noire de Nyons, c’est l’âme de nos collines, c’est ce qui explique encore aujourd’hui pourquoi Nyons est surnommé le Petit Nice, avec son microclimat parfait pour les oliviers.
Quand on regarde les photos d’époque on sent cette force-là :
des femmes debout sur leurs échelles, leurs paniers en bandoulière, les chiens aux aguets, les paniers déjà pleins de fruits noirs. On voit le sérieux du travail, mais aussi la fierté, la solidarité, et ce petit air de “la vie est dure mais on avance ensemble”.