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Je le vois presque tous les jours, et pourtant j’ai toujours ce petit frisson quand je passe devant. Peut-être parce qu’ici, à Nyons, on sait que chaque pierre a une histoire, un visage, un souffle. Ce n’est pas juste “un pont pour aller de l’autre côté”, non. C’est un monument qui a vu défiler les époques, les brebis de la transhumance, les charrettes, les amoureux, les touristes et maintenant les baigneurs qui viennent se rafraîchir dans l’eau turquoise de l’Eygues.
Tu vois, ce qui me plaît le plus dans ce pont, c’est de savoir qu’un jour, il y a plus de six siècles, un notaire de Nyons, un certain Elzéar Mège ou Medici pour faire savant a noirci un grand parchemin pour établir le devis de construction.
On est le 5 février 1400. Le gars déroule un bout de cuir plus grand que la nappe de la table familiale, et il rédige le prix-fait du futur pont, pierre par pierre.
Ce parchemin, il existe encore. Il dort aujourd’hui dans les archives communales, mais il revient de loin : des mouillures, du cuir racorni, des trous, de l’encre qui avait pâli comme un linge oublié au soleil. Et dire qu’à l’époque, à la fin du Moyen Âge, ces archives étaient rangées au premier étage du clocher.
Juste à côté de la réserve de poudre à canon.
Oui, oui.
Ici, à Nyons, on a toujours eu le sens du risque.
Quand j’ai découvert ça la première fois, j’ai éclaté de rire :
« Eh ben, ils n’avaient pas peur ! Un coup de chaud, et on perdait l’histoire du pont et la moitié de la ville ! »
Et ce pont, tel qu’on le connaît aujourd’hui, il veille sur un des plus beaux coins de baignade de la Drôme.
Sous sa grande arche ocre, l’Eygues a sculpté une série de gorges, de vasques profondes, d’eaux bleu-vert laiteuses où on voit le fond comme dans une piscine naturelle. Les rochers chauffent au soleil, l’eau te réveille d’un coup, et les galets brillent comme des petites perles.
Ce qui est magique, c’est que les lieux n’ont rien perdu de leur côté sauvage.
On entend :
les enfants rire,
les cigales jouer leur concert habituel,
l’eau qui cascade entre les pierres,
et parfois quelques “ragots” de Nyonsais sur la digue :
« T’as vu l’eau ? Plus haute qu’hier ! »
« On croirait qu’on est en Corse ici ! »
Moi, ça me fait sourire chaque fois.
Pour accéder aux spots de baignade, rien de compliqué : tu te gares le long de la D94, puis tu rejoins la digue par la passerelle.
De là, tu as tout :
plages tranquilles,
zones profondes pour les bons nageurs,
petits coins ombragés,
rochers parfaits pour lézarder,
sentiers pour prolonger la balade vers les oliviers.
Les plus courageux aiment plonger depuis les rochers.
Le papy que je suis te dira juste un truc :
vérifie toujours la profondeur avant de faire le malin.
La lumière est incroyable, l’eau calme, la chaleur douce.
Et tu peux ensuite filer boire un café sous les Arcades.
Les galets glissent comme du beurre…
On a Tous connu le “plouf” involontaire.
Les vasques les plus profondes et les plus belles sont là-haut.
Le Pont Roman, c’est un joyau.
On en a qu’un.
Alors pas de déchets, pas de mégots.
Simple, efficace.
Ce qui me touche toujours ici, c’est ce mélange :
un pont médiéval construit avec soin par des hommes dont on connaît encore les noms,
une rivière indomptable qui sculpte les roches depuis des millénaires,
des générations qui viennent se baigner exactement au même endroit.
Quand je m’assois sur la digue, je me dis souvent :
« Si Elzéar Mège revenait aujourd’hui, il serait fier de voir ce pont encore debout… avec des gamins qui plongent en dessous. »
C’est ça, Nyons : un endroit où le passé et le présent se sourient.