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Je vais te dire franchement : je ne suis pas né à Nyons, ni même dans les Baronnies. Mais dès que j’ai mis un pied dans ce coin de Drôme provençale, j’ai senti que quelque chose ici était différent. L’olivier, ce n’est pas un simple arbre. C’est un art de vivre, une philosophie, une patience qui se cultive comme on cultive l’amitié.
Et même si je ne suis pas “du pays”, je me suis fait happer par cette culture comme un gamin qu’on initie à un secret bien gardé.
Dans la région de Nyons, personne n’imagine un paysage sans oliviers. C’est un repère, une mémoire, un morceau de cœur planté dans la terre. Quand tu vois la lumière jouer dans les feuilles argentées, tu comprends tout de suite pourquoi l’arbre occupe une place presque sacrée ici.
Ce que peu de gens savent, c’est que les oliviers du Nyonsais ont plus de deux mille ans derrière eux. Les Grecs, puis les Romains, ont amené l’olivier dans les Baronnies, et ils avaient vu juste : le climat sec, les sols légers, la montagne qui protège tout était parfait.
Et puis l’olivier a ce truc incroyable : tu peux le casser en deux, le geler, l’abîmer il repart de la racine.
Les anciens n’ont jamais oublié l’hiver de 1956, quand la glace a brûlé tous les troncs. Quelques mois plus tard, la terre reverdit. C’est ça, l’olivier : un phénix végétal.
Demande ici quelle olive est la reine : on te répondra la Tanche, sans hésiter.
C’est la seule à porter l’AOP Nyons, parce qu’elle ne pousse qu’ici.
Noire, ridée, charnue, douce comme un dessert qu’on laisse fondre au soleil.
Dans les Baronnies, l’olivier Tanche n’est pas qu’une culture :
c’est un patrimoine, une gastronomie, une économie, un tourisme, un souvenir d’enfance tout à la fois.
Sur la digue de Nyons, dans le petit jardin botanique, tu peux même voir un olivier de 500 ans, le fameux Respelido. Et dans les collines autour de Mirabel, de Châteauneuf-de-Bordette ou des Sozens, tu tombes sur des troncs tordus et magnifiques, témoins des siècles passés.
Cultiver l’olivier, ce n’est pas de l’agriculture au sens froid du terme.
C’est de la tendresse.
On soigne l’arbre comme un enfant : on l’élague, on le protège, on l’écoute presque respirer.
Les vieux du coin te disent :
« Il faut aimer son olivier pour qu’il te le rende. »
Et quand tu passes un hiver parmi eux, tu comprends que ce n’est pas une image.
Avant, Nyons vivait au rythme du marché aux olives place Bourdongle.
Les épiciers de montagne descendaient acheter des fûts entiers.
Les producteurs vendaient “en direct”, à la parole.
Ça discutait, ça goûtait, ça riait.
Le dernier marché de ce genre, à Mirabel, a fermé en 2009.
Aujourd’hui, les machines, les trieuses, les camions ont remplacé les mains et les paniers.
Et les anciens soupirent :
« Ça se perd ça se perd… »
Même si je ne suis pas de Nyons, un jour on m’a invité à filer un coup de main pendant la récolte.
Une vraie cueillette comme autrefois :
les filets au sol, les doigts gelés, les paniers qui se remplissent lentement.
Le tri autour de la table, le petit feu pour se réchauffer, les blagues pour tenir la journée.
Ce jour-là, j’ai compris pourquoi ils parlent des oliviers comme de membres de la famille.
Il y avait autrefois une multitude de moulins à sang dans les Baronnies : une cinquantaine, dit-on.
Pas de moteur, pas d’électricité.
Juste une pierre dormante, une pierre tournante et la force des bras, des mulets, des ânes.
À Venterol, on peut encore voir la loge de l’animal qui tournait en rond autour de la meule.
Un autre temps.
Impossible de parler d’oliviers sans parler des moulins du pays nyonsais.
Chacun d’eux a façonné, à sa manière, la réputation de l’huile de Nyons.
Un moulin familial, emblématique du savoir-faire local.
On y parle terroir, maturité du fruit, goût du pays.
Un vestige précieux des méthodes d’autrefois.
On y sent encore l’âme du Nyons ancien, artisanal, patient.
Un moulin discret mais très respecté par les anciens.
Ici, l’huile se faisait presque en cercle intime, pour la famille, pour les proches.
Moins connu du grand public, mais solidement ancré dans l’histoire oléicole locale.
Un moulin qui compte encore dans la mémoire rurale.
Le moulin moderne de Nyons.
C’est ici que converge une grande partie de la production actuelle :
propreté, précision, contrôle qualité, mise en valeur de la Tanche.
C’est le lien entre tradition et futur.
« Manger quelques olives chaque saison vous rendra plus solide que les plus vieilles olives du mas. »
Et crois-moi, ce n’est pas qu’une jolie phrase.
Aujourd’hui encore, les familles, les enfants, les petits-enfants récoltent les mêmes arbres que leurs ancêtres.
Les oliviers de Nyons ne sont pas qu’un décor : ce sont des compagnons, des témoins, des repères.
Et même moi, qui n’étais qu’un étranger au départ, je me sens maintenant un peu gardien de cette histoire.
Chaque fois que j’ouvre une fiole d’huile AOP ou que je croque une Tanche, j’ai l’impression de participer à ce précieux patrimoine.
Les oliviers de Nyons…
Un trésor, une mémoire, et une joie qui se partage.